CITOYENNETÉ


A Bordeaux, le 13 janvier 2015, des lycéens organisent une marche vers le siège de Charlie Hebdo à Paris. Sur les 500 km parcourus en dix jours, à pied ou en bus, ces jeunes ont voulu répandre une parole de paix, de liberté et de solidarité.

« Liberté, on t’aime et on veut te garder » : onze jours après avoir quitté Bordeaux à pied, des lycéens ont achevé, vendredi 24 janvier à Paris, leur marche de 600 km en hommage aux victimes des attentats en région parisienne des 7, 8 et 9 janvier. Ils ont été rejoints en chemin par une cinquantaine d’autres lycéens.

Après la mobilisation de dimanche, qui a rassemblé plus de 140 000 personnes à Bordeaux, huit lycéens Bordelais et Bayonnais ont décidé de ne pas en rester là et d’organiser une marche. Ce mardi, ils étaient une vingtaine à quitter la place Pey-Berland pour rejoindre à pied le siège de «Charlie Hebdo» à Paris, qu’ils atteindront le 22 janvier selon leurs prévisions. Leur marche se veut festive et colorée.

«On veut montrer que la jeunesse prend en compte ce qui se passe. On veut rendre hommage aux victimes et montrer qu’on est tous ensemble», explique Baptiste, en terminale S au lycée Montaigne à Bordeaux. «Notre mot d’ordre c’est liberté, unité et tolérance», ajoute Hugo, en terminale ES.

Le mouvement est soutenu par le syndicat lycéen Fidl mais il est apolitique et relève de l’initiative des jeunes. Dix étapes distantes d’une soixantaine de kilomètres sont prévues et les mairies des dix communes traversées ont accepté d’héberger et de nourrir les marcheurs. Pour des raisons de sécurité, il leur a été demandé de s’arrêter la nuit.

La liberté et la solidarité en bandoulière
Une jeunesse motivée, parfois rejointe par les parents, qui veut diffuser un message pour davantage de «vivre ensemble». Avec des rencontres marquantes. Florient marche, lui, depuis Bordeaux. Ce photographe indépendant immortalise ce mouvement spontané de solidarité. «Les événements m’ont bouleversé. Sur la route, on a rencontré des personnes âgées qui ont vécu la guerre. Ils nous avouaient leur déception de voir que les gens ne s’entraident plus. Nous voulons répéter qu’on est tous différents mais tous égaux». «Personnellement j’ai été touché par l’histoire d’un réfugié politique iranien qui marche avec nous, explique Joffrey. Dans certains pays comme l’Iran ou Turquie on n’a pas la chance d’avoir les mêmes libertés en France.»

Après avoir aidé côté logistique en coulisse, Redouane, 18 ans, a rejoint cette marche apolitique jeudi à Lieusaint (Seine-et-Marne). «On aimerait que ces événements dramatiques rapprochent les gens au lieu de les diviser. La diversité en France, ce n’est pas une tare mais une fierté. Même ceux qui marchent 5 mètres ont leur importance.»


L’affiche «Je suis Charlie» a disparu

Quelques symboles ont disparu en cours de route. Notamment une affiche « Je suis Charlie ». « On a rencontré quelques lycéens qui nous ont dit qu’ils n’étaient pas Charlie. Nous ne défendons pas les propos de Charlie Hebdo, mais la liberté d’expression, souligne Joffrey. C’est vrai qu’il y a eu des incidents dans les lycées, mais c’est le fait d’une minorité.» «On a été choqué autant par les victimes des attentats que par les attaques de mosquées, reprend Redouane. Dans le cortège les personnes de tous horizons, politiques, religieux se côtoient et échangent.»

La marche atteint son but ce vendredi, mais la démarche pourrait se poursuivre. « Je pense qu’on va rester en contact c’est une expérience enrichissante », avoue Joffrey. « On va réfléchir à monter d’autres actions plus concrètes après la marche sur les mêmes valeurs.» Les deux conseils des délégués pour la vie lycéenne (CVL) du lycée Montaigne de Bordeaux et Voltaire d’Orléans vont travailler ensemble pour lancer un projet.

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