La religion à l’école toujours contestée

Les quelques détracteurs du statut local s’agitent une fois encore

Nous devons écouter ce que les détracteurs de l’enseignement religieux en Alsace  instruisent à charge pour construire notre communication à décharge. Certes, Monsieur Gillig connait le dossier mais son idéologie (président du « Cercle Jean Macé ») réduit à néant sa volonté de s’ériger en historien. Peut-il donner des leçons de neutralité ?

 

Sommaire

1/ L’article des DNA annonçant la publication de l’ouvrage de Jean-Marie Gillig.

2/ Quatre réactions à la suite de cet article.

3/ Une vidéo (5 min) – Reportage d’une chaîne allemande s’intéressant à la situation alsacienne dans ce domaine. 

 

Article de Jean-François Clerc (DNA du 17 juin 2017)

 

« L’espoir » d’une école laïque en Alsace et Moselle

Après « L’histoire de l’école laïque en France », le militant laïque et ancien inspecteur de l’Éducation nationale Jean-Marie Gillig a écrit un ouvrage très attendu sur « L’école laïque en Alsace et en Moselle : une histoire inachevée ».

« Si les Églises catholiques et protestantes en Alsace et Moselle tiennent tant au maintien d’une heure de religion obligatoire par semaine en milieu scolaire, c’est que leur pastorale ne peut se passer de la contrainte pour assurer la survie de l’enseignement religieux qui est déjà largement compromise », assure Jean-Marie Gillig, dans « L’école laïque en Alsace et en Moselle : une histoire inachevée ». Un ouvrage historique, juridique et militant.

Sortir l’enseignement religieux du temps scolaire commun

Spécialiste des questions éducatives et auteur d’une dizaine de livres, Jean-Marie Gillig retrace ici l’histoire complexe du statut scolaire local. Depuis 1918 et jusqu’à aujourd’hui, ce statut est le théâtre d’affrontements réguliers en Alsace et Moselle entre défenseurs d’un enseignement religieux à l’école et défenseurs d’une école publique. Une école « qui ne sera vraiment laïque que lorsqu’elle ne comportera plus l’enseignement religieux obligatoire qui est une survivance de la loi Falloux de 1850 et l’Annexion allemande », écrit et espère Jean-Marie Gillig dans son avant-propos. Le ton du livre est donné par l’auteur prêt à livrer avec les organisations laïques « quelques vigoureux combats » face aux autorités confessionnelles, « pour que l’école laïque en Alsace et en Moselle devienne une réalité ».

Pour l’ancien inspecteur de l’Éducation nationale, la procédure de dispense de l’enseignement religieux que doivent signer les parents d’élèves du primaire, n’est pas qu’une simple formalité. Jean-Marie Gillig s’emploie à démontrer que ce statut dérogatoire au droit commun est « anachronique, discriminatoire vis-à-vis de l’islam et contraire à la liberté de conscience dont devraient bénéficier tous les citoyens », note dans la préface, Gérard Delfau, directeur de la collection « Débats laïques » aux éditions l’Harmattan.

Comme les instituteurs et institutrices ont été libérés en 1974 de l’obligation de donner l’enseignement religieux, les parents devraient être libérés de la procédure de dispense de l’enseignement religieux, estime Jean-Marie Gillig. Cet enseignement qui créé des « clivages » et favorise « l’entre-soi », déplore l’auteur, doit être placé « en supplément du temps de l’enseignement scolaire commun », recommande l’Observatoire de la laïcité. Ce serait alors la fin du statut scolaire local, que les militants laïques veulent précipiter dans sa longue chute, pendant que les représentants des religions cherchent à lui donner un nouveau souffle. Dans tous les cas, l’histoire montre qu’à Paris les politiques n’ont jamais franchi le pas de la suppression du statut scolaire alsacien et mosellan, même lorsqu’ils en avaient l’occasion. La fin de l’histoire n’est sans doute pas encore écrite.

 

Trois réactions  

Pourquoi tant de haine ?

Bernard Thomas, inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale, sur le même sujet :

« Pourquoi tant d’obstination à combattre “la laïcité à l’alsacienne” ? M. Gillig n’a raison que sur un point : “Le garant du vivre ensemble ne peut être que la laïcité”. Et chez nous, ça marche, justement parce que le respect des personnes, la connaissance des religions, le droit à la différence font partie de notre enseignement religieux, dans sa forme moderne actuelle. Encore faut-il faire l’effort de s’informer et non rester enfermé dans son sectarisme laïcard.

Ainsi, par exemple, M. Gillig devrait savoir qu’au lendemain des attentats, c’est dans les lycées les plus engagés dans la laïcité à l’alsacienne que les minutes de silence ont été le mieux observées, que la solidarité a été la plus forte, le rejet du terrorisme islamiste le plus massif.

Au lieu de se murer dans ses convictions d’un autre temps, faites d’ignorance et d’acharnement anti-religieux, M. Gillig devrait modestement s’informer des réussites laïques d’établissements tels que le Lycée polyvalent et CFA Emile-Mathis à Schiltigheim. Un seul exemple : le travail sur les génocides ( DNA du 27 avril 2016 ). La fraternité ne naît pas de l’obscurantisme rétrograde, mais de la connaissance et du respect. »

 

Une laïcité bien comprise

Jean-Marie Kientzler, Haguenau

« J’étais surpris d’apprendre qu’un inspecteur d’académie, un homme responsable de l’Éducation nationale, demande la suppression de l’enseignement religieux dans les écoles en Alsace…

En effet, le rôle des enseignants n’est-il pas de transmettre un savoir, de faire découvrir l’Histoire de notre Nation, de permettre aux jeunes générations de comprendre ce qui s’est passé autrefois ? Nous avons la chance de disposer d’un patrimoine d’une richesse inouïe, qui est à la portée de tout le monde. Nos cathédrales, nos musées regorgent de chefs-d’œuvre que l’on nous envie. Faut-il qu’un jour il faille confier à des archéologues l’étude de ces monuments, de ces tableaux et statues ? Et que dire du riche patrimoine de nos bibliothèques qui reflète, entre autres, la pensée d’auteurs imprégnés du christianisme ?

En Alsace, les enfants ont la possibilité de découvrir cet aspect de notre civilisation et de notre culture. C’est une chance qu’il conviendrait de proposer à tous les enfants vivant en France. Ce serait un progrès et une belle expression de la laïcité, c’est-à-dire du respect de notre culture. Je ne pense pas que ces cours d’enseignement religieux feraient pression sur les consciences de ceux qui écoutent et veulent savoir. Mais ils auraient l’avantage de faire aimer le patrimoine qui est le nôtre et de comprendre les valeurs qu’il porte en lui. »

 

La France jacobine ‘normalise’ l’Alsace…
Marcel Steinmetz

M. Gillig, issu du très jacobin Grand Orient de France et du Cercle Jean Macé, entend instrumentaliser la laïcité (neutralité religieuse de l’Etat) pour favoriser l’athéisme par l’ignorance des religions et leur non-transmission aux  enfants. L’Education Nationale de M. Gillig procéda exactement de la même manière pour éradiquer les langues régionales, coupables de faire de l’ombre au despotisme pan-francophone, en les ostracisant elles-aussi en dehors de l’école et de la vie publique et en persécutant les enfants traumatisés jusque dans les cours de récréation. Bien sûr, le ‘républicain’ jacobin  Gillig a horreur de la démocratie et des Droits de l’Homme, c’est pourquoi les organisations laïcardes, mandatées par personne, grenouillent inlassablement à Paris pour arracher des ukases administratifs de détricotage de notre Droit Local…

 

Une vidéo

La religion en Alsace est une discipline à l’école publique. Une chaîne allemande réalise un reportage de 5 minutes en interrogeant sur le sujet un de ses opposants (Michel Seelig) et un formateur (Pierre-Michel Gambarelli) de l’ESPE d’Alsace qui considère cet enseignement parfaitement miscible dans l’école de la République. 

 

Rappel (14 septembre 2016)

Au Républicain Lorrain, le président du cercle Jean-Macé, Michel Seelig, avait déclaré en avril dernier : « Cela fait perdre 180 heures de cours sur toute leur scolarité élémentaire aux élèves d’Alsace-Moselle par rapport à leurs camarades de l’Intérieur ». Face à cet argument, Mgr Kratz rappelle que « les petits Alsaciens, malgré la ‘privation’ de 180 heures d’enseignement, sont classés parmi les tout meilleurs dans les évaluations nationales ». Et pour l’évêque auxiliaire, « l’enseignement religieux à l’école constitue pour vos enfants une occasion privilégiée d’enrichir leur esprit et d’élargir leur cœur » et il « favorisera progressivement les choix de vie que chacun doit faire (…) car la question de Dieu et de la transcendance ne peut demeurer un sujet tabou ».

Dans cette même lettre, Mgr Kratz tend également à répondre aux critiques entendues depuis plusieurs mois. « En aucun cas, le cours de religion n’a des intentions prosélytes, il veut simplement répondre de la meilleure manière possible aux défis que lance le monde d’aujourd’hui ».

Blandine Garot

 

Pour une laïcité bien comprise (suite)  

Dna – publié le 15 juillet 2017

André Kopp, Plobsheim, réagit à l’ouvrage de Jean-Marie Gillig, L’école laïque en Alsace et en Moselle : une histoire inachevée, présenté dans les DNA du 17 juin :

« En aucun cas, la laïcité ne favorise l’athéisme, c’est même le contraire ; la loi de 1905 précise bien que la laïcité implique le respect de tous les cultes.

Faire évoluer l’enseignement religieux

Pourquoi parler d’organisations laïcardes : les syndicats d’enseignants, la Ligue de l’enseignement sont des organisations reconnues par l’État (le président de la République était présent au Congrès du 150e anniversaire de la Ligue de l’enseignement) ; ces organisations ne veulent pas détricoter l’enseignement religieux, mais le faire évoluer ; dès qu’on n’est pas d’accord avec les institutions en place (certaines comme la loi Falloux depuis 1850), on est accusé de sectarisme laïcard et d’acharnement antireligieux ; les propositions faites prouvent le contraire.

Personne ne demande la suppression de l’enseignement religieux ; le prétendre est une contre-vérité.

Que propose M. Gillig, ainsi que, par exemple, le Cercle Jean Macé ?

Trois propositions

– En 1974, les instituteurs ont été libérés de l’obligation de l’enseignement religieux. Il y en a fort peu qui le dispensent encore. Les parents devraient pouvoir choisir pour leurs enfants, à leur demande, l’enseignement religieux ;

– cet enseignement devrait se situer en dehors des 24 heures d’enseignement général pour donner à tous les enfants le même nombre d’heures d’enseignement, comme le recommande l’Observatoire de la laïcité présidé par Jean-Louis Bianco ;

– l’heure d’enseignement moral pourrait être relayée par un enseignement de l’histoire des religions et de leur apport à la civilisation judéo-chrétienne.

Ce sont là des propositions de bon sens. Ces demandes ne datent pas d’hier : dans les années 80, M. Muckensturm, inspecteur d’Académie du Bas-Rhin, m’avait fait rencontrer, en ma qualité de secrétaire départemental du Syndicat des instituteurs du Bas-Rhin, l’évêque Mgr Brandt. Celui-ci avait parfaitement admis que la situation devait évoluer et écouté avec attention nos propositions… qui étaient les mêmes que celles d’aujourd’hui ! Il a alors demandé à M. Mucken- sturm de faire des propositions écrites. Quelques semaines plus tard, il m’a fait savoir que ces propositions avaient été acceptées par les protestants et les israélites, mais repoussées par les catholiques. L’affaire s’est donc arrêtée là.

Près de 40 ans plus tard, nous en sommes au même point, alors que le nombre d’élèves présents pour l’enseignement religieux est en chute libre et que l’on doit ouvrir un cours de religion à partir de 10 élèves – loin des effectifs exigés pour l’ouverture d’une classe dans une école [NDLR: un cours et une classe ne reposent pas sur les mêmes règles d’ouverture].

Un combat d’arrière-garde

Ceux qui défendent le statut scolaire local mènent un combat d’arrière-garde et vont même parler de haine lorsqu’on veut le faire évoluer, les laïques (et non laïcards) ne tiennent pas ce langage, car la laïcité est le garant du vivre ensemble. »