Le défi de l’Enseignement de la Religion à l’École (ERE)
L’enseignement de la religion s’essouffle, malgré l’énergie dépensée par les enseignants qui professent dans la majorité des écoles, collèges et lycées d’Alsace. Certes, ce constat n’est plus à faire mais, il oblige tous ceux qui ont la responsabilité de cet enseignement à emprunter d’autres voies pédagogiques et à innover, coûte que coûte, afin de répondre aux besoins toujours plus cruciaux de la jeunesse de ce premier quart du 21e siècle.
Voilà 6 pistes déjà visitées mais pas encore assez explorées en raison de diverses résistances qu’il serait nécessaire d’aborder de front (voir « Ma petite liste de résistances au changement » un peu plus bas).
Ma petite liste des mutations inéluctables
1/ Transformer chaque séance en une véritable « rencontre » avec les élèves. Mettre en application le vieux principe du « carpe diem ». Ne se préoccuper que de l’instant présent. Les élèves ne vivent pas par procuration. Les élèves suivent au bout du monde les enseignants qui foncent en avant.
2/ Privilégier la notion de dialogue. Nous sommes la discipline de l’interconvictionnel. Un lieu d’altérité intégrale où l’autre est tout-autre et pas mon miroir. L’enseignant maitrise pour cela la notion d’éthnocentrisme afin d’en éviter les pièges.
3/ Arrêter de jouer les bonnes « maitresses d’école » ou les « bons professeurs » et de ne reproduire que des techniques éculées qui remontent au temps où nous étions nous-mêmes élèves. Jouer la carte de la différenciation tout-azimut.
4/ Permettre aux élèves eux-mêmes de s’approprier la connaissance. Il ne peut y avoir apprentissage sans un minimum d’interaction. Il faut en finir avec un enseignement descendant voir condescendant. Le jeu en est un des enjeux principaux.
5/ Refuser de confondre le savoir et le croire. Refuser de sacrifier l’un au profit de l’autre. Refuser de les opposer. La savoir se prouve, le croire n’a pas besoin de preuves. Puisque nous abordons avec les élèves les questions de sens, nous convoquons dans notre enseignement les deux pieds que constituent le savoir et le croire à la recherche d’un équilibre toujours instable (le principe de la marche).
6/ Osons l’éducation intégrale (Jacques Maritain – voir l’intervention de François Moog auprès de la DDEC d’Alsace – en téléchargement). Il s’agit de ne plus saucissonner l’enfant en tranche disciplinaire. Mais de « Prendre l’enfant comme il vient » avec sa tête, son cœur et ses mains. Osons un enseignement qui nourrit l’enfant dans son intégralité. L’intellectuel, le spirituel et l’expérientiel se chevauchent sans cesse pour que la connaissance soit au service de la compétence… Pour que la compétence soit au service de la convivance (vivre ensemble)… Pour que la convivance soit au service de la sagesse (vers une civilisation de l’amour).
Pmg (12 juin 2023)
Ma petite liste de résistances au changement
1/ Pourquoi changer ? Je ne vois pas où le problème !
2/ Pourquoi changer ? J’ai toujours fait comme ça !
3/ Pourquoi changer ? Je ne me sens pas capable de faire autrement !
4/ Pourquoi changer ? Jusque-là ça marchait bien !
5/ Pourquoi changer ? De tout façon c’est foutu et après moi le déluge !
6/ Pourquoi changer ? Puisqu’il faudra tout recommencer dans quelques années !
7/ Pourquoi changer ? Alors que personne ne s’intéresse à ce que je fais depuis des années !
8/ Pourquoi changer ? Je ne perçois pas très bien où on veut aller !
9/ Pourquoi changer ? Et me mettre en danger ? Que les autres changent d’abord, ensuite je verrai !
10/ Pourquoi changer ? Je suis saturé par la mauvaise foi, la malveillance, l’insuffisance des institutions qui me font la vie dure !
11/ Pourquoi changer ? Quand l’avenir n’est pas clair. De fait, il n’est pas certain que l’après soit mieux que l’avant !
12/ Pourquoi changer ? Pas question d’améliorer un système pour une reconnaissance quasi nulle et je ne parle pas de salaire !