Le cours de religion adapté au monde d’aujourd’hui
Education au dialogue interreligieux et interculturel (EDII). Le projet que le service a imaginé en lien avec les partenaires protestants est devenu public. Il s’agit maintenant de passer aux actes et d’expliquer en quoi ce projet répond aux attentes des élèves et de leurs parents et aux attentes du ministère de l’Éducation
EDII
Éducation au dialogue interreligieux et interculturel (EDII). Le projet que le service a imaginé en lien avec les partenaires protestants est devenu public. Il s’agit maintenant de passer aux actes et d’expliquer en quoi ce projet répond aux attentes des élèves et de leurs parents (avec un programme transparent) et aux attentes du ministère de l’Éducation (Prévenir pour protéger – Plan national de prévention contre la radicalisation).
Afin d’éviter les amalgames, voire les malveillances, et de compléter les informations, par définition parcellaires, parues dans la presse (voir ci-dessous) ou en libre accès sur le Net, le service, chargé par les autorités religieuses catholiques d’organiser l’enseignement de la religion dans les collèges et lycées d’Alsace, met à la disposition de ceux qui souhaitent s’informer plus amplement une série de documents en libre téléchargement.
Article publié le 25 février 2018 – Source : DNA
Alsace-Moselle – Dans les collèges et les lycées publics
Le cours de religion du futur
EDII signifie « Éducation au dialogue interreligieux et interculturel ». C’est le nom d’un projet de cours de religion porté par les protestants et les catholiques, à destination des collégiens et lycéens du public, en Alsace-Moselle. Nouveauté, il inclut l’islam, le bouddhisme… Tous les acteurs seraient prêts pour la rentrée 2018. Ne manque plus que l’accord de l’Éducation nationale.
Dessin Région (Papier Myriam Ait-Sidhoum) – Enseignement Religions PHOTO DNAEn Alsace-Moselle, l’Éducation nationale a obligation d’organiser, dans le public, l’enseignement religieux – pour ce qui est des cultes statutaires, catholiques, protestants et juifs.
Un créneau doit être casé dans les heures de cours hebdomadaires, dans l’enceinte scolaire. Cette particularité est due au millefeuille qui constitue le droit local et notamment à la loi Falloux de 1851, mais pas uniquement. La possibilité d’être dispensé remonte, elle, à 1936.
Aujourd’hui, 20 % d’inscrits au collège, 10 % au lycée
En Alsace, les statistiques de 2016 parlent d’elles-mêmes : en cours élémentaires, 53 % des élèves sont inscrits en cours de religion. Au collège, ils sont 20 %, au lycée 10 %.
Pour mieux se représenter les forces en présence, en 2015, 86 % des élèves inscrits dans un cours de religion étaient catholiques, 12 % protestants, 2 % juifs.
En Moselle, également concernée, 57 % des élèves sont inscrits en élémentaire, 19 % au collège et 1,5 % au lycée.
Rien ne semble pouvoir freiner le déclin de ces classes, au diapason de la sécularisation de la société. Avant qu’elles ne disparaissent de leur petite mort – sous un seuil de 10 élèves, l’organisation du cours n’est plus obligatoire —, les protestants et les catholiques, qui font souvent, déjà, classe commune, ont décidé de faire front commun.
Ils ont imaginé l’EDII – certains disent « ED2I ». Ce cours interreligieux, destiné aux collégiens et lycéens, a déjà un programme détaillé – autour des croyances, des pratiques religieuses, des textes, des valeurs, du patrimoine, de la communauté et du dialogue –. Afin que ce cours de religion puisse être évalué, douze établissements sont prêts à l’expérimenter dès la rentrée 2018. Pour peu que le rectorat donne le feu vert.
« Ce ne sera pas un catalogue mais une approche comparée, respectueuse des religions tout en étant critique », précise Christian Krieger, vice-président de l’UEPAL – Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine. Il y voit une réponse aux questions exacerbées depuis 2015 sur la place des religions, la laïcité.
Il croit au rôle que peut jouer l’école en la matière et à la part que doivent prendre les différentes confessions dans un apprentissage qu’il juge nécessaire. Et forme le vœu que la formule suscite un regain d’intérêt pour le sujet. Le volet « formation » des professeurs de religion a également été réfléchi.
« Nous avons le sentiment de rendre service à la société, d’apporter une contribution à la laïcité, pour passer d’une laïcité d’ignorance à une laïcité d’intelligence, abonde Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg. Avec l’EDII, on ne prêche pas, on ne fait pas de catéchisme. »
Le comité de pilotage est ouvert aux cultes non statutaires représentatifs
Et d’ajouter : « L’objectif n’est pas de substituer l’EDII au cours de religion là où ça marche bien mais plutôt d’intervenir dans les établissements sensibles où nous sommes très peu présents », dit encore Mgr Kratz.
Si ce sont les catholiques et les protestants qui portent le projet, le comité de pilotage est ouvert aux cultes non statutaires représentatifs, comme l’islam ou le bouddhisme.
« Il y avait un problème d’égalité de traitement des cultes. Il fallait que les autres cultes puissent se reconnaître », justifie Christian Krieger.
Les catholiques et les protestants gardent la maîtrise du cours. C’est la seule possibilité : sur le plan juridique, il faut composer avec ce qui existe déjà, pour ne pas sortir des rails étroits qu’autorise le droit local. Il s’agit de proposer l’EDII dans le même cadre que celui autorisé pour l’ECR (Éveil culturel et religieux), proposé en lycée.
Tous savent qu’ils sont sur une « ligne de crête », ainsi que le formule Christian Krieger. Point favorable pour eux, la commission du droit local, présidée par Jacques Bigot, a délivré un avis favorable, pour ce qui est de sa conformité juridique, mais plus encore, elle a estimé que le projet devait exister.
Une présentation au ministère début février
Lors d’une rencontre avec les cultes le 21 décembre dernier à l’Élysée, en présence de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, et de Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur et des Cultes, le projet a été remis au président de la République.
Signe encourageant, ses promoteurs ont été reçus le 2 février dernier au ministère de l’Éducation nationale, par une conseillère spéciale. Une réponse est espérée dans les semaines qui viennent.