Un cours toujours et encore en sursis
L’avenir des cours de religion demeure incertain dans les écoles officielles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En attendant, sur le terrain, l’opposition à leur suppression s’organise. L’Église catholique, la CSC et la communauté musulmane se mobilisent notamment.
De longue date, l’Église catholique se mobilise en faveur du maintien des cours de religion. En la matière, c’est « l’Instance pour le cours de religion catholique » (ou « l’Instance ») qui est à la manœuvre. Regroupant des délégués des différents diocèses, elle est actuellement présidée par Myriam Gesché. En novembre 2021, alors qu’un groupe de travail parlementaire avait ouvert la possibilité de rendre optionnelle la dernière heure de cours de religion enseignée dans l’officiel, l’Instance avait rédigé une « prière instante » dans laquelle elle rappelait notamment le large attachement des parents à ce cours. En février dernier, alors que le scénario d’un cours de religion « optionnel » (et en dehors de la grille scolaire) semblait privilégié par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Myriam Gesché publiait une carte blanche dans La Libre, relayée par CathoBel. Elle rappelait notamment la dimension religieuse des questions sociales. « Gommer cette dimension, c’est faire obstacle à un véritable débat démocratique ».
« Ils donnent leur vie »
Cette semaine, Guy Harpigny, évêque de Tournai et référendaire pour le cours de religion, publie, lui aussi, sur le site de son diocèse, un plaidoyer en faveur du maintien. Après avoir rappelé l’historique du dossier (il écrit notamment que « depuis au moins trente ans, j’entends dire que les cours de religion dans l’enseignement officiel vont disparaître »), il déploie ses arguments:
« Je suis persuadé que plus on s’informe sur ce qui fait partie de l’intériorité de l’être humain, la spiritualité personnelle, sur le fondement des convictions dans une société démocratique, on apprend le respect de l’autre, le sens de la vie en société, une certaine idée de l’avenir. Même dans une société sécularisée, la conviction religieuse et la conviction morale peuvent avoir un impact positif. »
Il termine par adresser son soutien aux enseignants « qui donnent leur vie pour cette mission ».
Des milliers de signatures
Parallèlement à ces appels, des pétitions circulent sur le terrain. L’une émane du « Collectif pour les cours Religion et Morale » (RLMO). Ce collectif citoyen est « né de la volonté de plusieurs parents de toute confession d’interpeler les élu.e.s politiques dans le cadre des débats portant sur l’avenir des cours philosophiques ». Dans une lettre ouverte publiée en ligne, il regrette un manque de concertation et plaide fermement pour le maintien de cours obligatoires. Au passage, il déplore la faible présence d’élus bruxellois dans les travaux préparatoires. « La représentativité de la composante bruxelloise de la FWB dans les groupes de travail chargés d’examiner la possibilité de l’extension d’une seconde heure de CPC (cours de philosophie et de citoyenneté) était extrêmement faible voire inexistante. » La pétition recueille actuellement 17858 signatures.
Une autre pétition émane de la CSC Enseignement. Intitulée « Pour le maintien des Cours de Morale et de Religions dans la grille-horaire des établissements de l’enseignement officiel obligatoire« , elle a recueilli 1966 signatures jusqu’à aujourd’hui. L’intérêt de la CSC sur cette question se justifie essentiellement par sa préoccupation pour l’emploi. En 2014 déjà, elle s’était mobilisée pour le maintien des 2 heures de religion obligatoires dans l’enseignement officiel.
Enfin, il existe encore une pétition intitulée « Non à la suppression totale des cours de religion-morale dans les écoles« . Lancée en décembre 2020, en plein Covid, elle continue de recueillir quotidiennement de nouvelles signatures – on en est actuellement à 6271. A lire les noms des signataires, cette pétition circule essentiellement au sein de la communauté musulmane. On sait que des membres de celle-ci se montrent aussi très actifs vis-à-vis des parlementaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles, auprès desquels certains multiplient les mails d’opposition.
Reste à voir si ces différentes forces, et leur convergence, permettront d’influencer le choix des politiques.
Revoir l’émission « Il était une foi les cours de religion dans l’enseignement officiel » avec Myriam Gesché (29 juin 2021)