31 octobre 1517, Luther s’éloigne de Rome
L’examen des sept différences
Si catholiques et protestants croient en un Dieu unique en trois personnes (le Père, le Fils et le Saint-Esprit), bon, tout-puissant et éternel, leur foi diffère sur plusieurs points. Les « 95 thèses » de Martin Luther, puis les différents écrits de Jean Calvin et d’Ulrich Zwingli, ainsi que les réponses qui leurs sont adressées par le Vatican lors du concile de Trente, mettent en lumière des points de divergences importants. Du Pape, aux sacrements, en passant par le purgatoire et la Sainte Vierge, petit tour d’horizon des divergences majeures entre les deux religions.
1. Pourquoi les protestants rejettent-ils l’autorité du pape ?
Le protestantisme désigne en premier lieu un ensemble de courants religieux qui refusent l’autorité du pape. Deux principes protestants l’expliquent. D’abord, la formule Ecclesia semper reformanda (« l’Église doit se réformer sans cesse ») affirme que les institutions ecclésiastiques demeurent humaines et peuvent se tromper. L’ « infaillibilité pontificale », définie par le concile de Vatican I convoqué par Pie IX en 1869-1870, est donc rejetée.
Ensuite, selon le « sacerdoce universel », tout baptisé est « prophète, prêtre et roi ». Il n’existe pas hiérarchie au sein de l’Église du Christ. Dès lors, pour les protestants, aucune institution ne peut se prévaloir d’un « pouvoir plénier, suprême, immédiat et universel » comme le stipule le catéchisme catholique à propos du pape. C’est au nom de ces deux principes que les protestants n’ont pas non plus de clergé. Le pasteur a donc un ministère particulier dans l’Église, mais n’est pas le seul à pouvoir présider les sacrements.
2. Pourquoi les protestants ne se confessent pas ?
Luther et Calvin jugent tous les deux la pénitence utile, afin de rassurer les fidèles qui auraient du mal à obtenir l’assurance du pardon de leur péché. Mais ils estiment qu’elle n’est pas obligatoire.
Pour les protestants, la reconnaissance de ses fautes et l’acceptation de son pardon sont considérées comme appartenant à la relation personnelle que chaque croyant doit entretenir quotidiennement avec Dieu. De plus, le sacerdoce universel remet en question le monopole du clergé sur les sacrements : le pasteur n’est pas plus habilité qu’un autre pour les administrer. Le pardon est néanmoins régulièrement annoncé dans les cultes. Afin d’aider à l’acceptation, il peut également être prononcé par un autre fidèle, souvent le pasteur.
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3. Les protestants recoivent-ils l’Eucharistie ?
L’Eucharistie, plus communément appelée la « Sainte-Cène » est, avec le baptême, un des deux sacrements conservés par les protestants. Quelques différences subsistent. D’abord, les protestants refusent l’idée selon laquelle l’Eucharistie est une actualisation du sacrifice du Christ. Pour eux, il s’agit principalement d’un acte mémoriel.
Ils réfutent également la « transsubstantiation », principe catholique selon lequel Jésus-Christ est réellement présent dans l’Eucharistie sous les apparences du pain et du vin. Luther y oppose l’idée de consubstantiation. Pour lui, le Christ est effectivement présent dans le pain et le vin, mais ces deux derniers conservent aussi leur propre nature. Zwingli et — dans une moindre mesure — Calvin estiment quant à eux que la présence du Christ est symbolique.
4. Comment les protestants sont baptisés ?
Contrairement aux catholiques, les protestants ne croient pas que le baptême est efficace par lui-même, mais estiment qu’il doit être associé à la foi. Les luthériens et les calvinistes conservent néanmoins le baptême des enfants (pédobaptisme) à la demande des parents et pas aspersion. De leur côté, les mouvements évangéliques le rejettent et lui préfèrent le crédobaptisme, c’est-à-dire le baptême des croyants. Ces derniers doivent en faire eux-mêmes la demande et assister auparavant à une préparation catéchétique. Le baptême chez eux se pratique par immersion, à l’image de ceux de Jean le Baptiste dans le Jourdain.
Les protestants ne retiennent que les sacrements commandés par Jésus lui-même dans les Évangiles. En effet, pour eux, seules les Saintes Écritures font autorité (sola scriptura). Ils considèrent ainsi que les autres sacrements catholiques n’ont aucune légitimité. La confirmation, l’onction des malades, l’ordination et le mariage sont donc écartés, même si les protestants se marient aussi religieusement.
5. Pourquoi les protestants ne prient-ils pas la Vierge Marie ?
Les protestants voient dans la dévotion à Marie de l’idolâtrie. S’ils admettent que Marie est une croyante exemplaire et qu’elle a conçu de manière miraculeuse Jésus en étant vierge, ils ne croient pas en l’Immaculée conception, idée selon laquelle la Vierge est sans péché. Née de manière naturelle, d’un père et d’une mère, Marie a été tâchée, selon eux, par le péché originel. Luther considère cependant que « Marie fut libérée du péché originel pour que la chair du Rédempteur ne fût pas non plus effleurée par l’ombre du péché ». Mais tous les réformateurs ne sont pas d’accord avec lui.
Les protestants refusent également l’Assomption, car elle n’est pas relatée dans la Bible. Les luthériens et les anglicans fêtent néanmoins le 15 août, qu’ils appellent la « fête de Marie ». Mais pour les protestants Jésus est le seul intercesseur (solus Christus) et seul Dieu est digne d’un culte (soli Deo gloria). Ils ne prient alors que le Dieu trinitaire.
6. Pourquoi les protestants ne prient-ils pas les saints ?
Les protestants perçoivent également le culte des saints comme de l’idolâtrie. Toujours au nom du solus Christus et de la soli Deo gloria, ils refusent de les prier. De son côté, l’Église catholique distingue le culte de dulie, rendu aux saints, et la latrie, culte et adoration rendue à Dieu. Cette distinction apparaît lors du concile des Trente en réponse aux réformateurs. Pour le culte de la Vierge, ils parlent d’hyperdulie.
7. Pourquoi les protestants ne croient-t-ils pas au purgatoire ?
Le concept de purgatoire, quoique évoqué précédemment, apparaît de manière claire dans le dogme catholique en 1133. Il s’agit du lieu où les âmes des défunts en état de grâce et assurés de leur salut expient les péchés dont ils n’ont pas fait pénitence. Le purgatoire correspond au « feu » purificateur évoqué par Pierre (1 Pierre 1, 7) et Paul (1 Corinthien 3, 15). Les catholiques évoquent également deux autres versets qui semblent parler d’un lieu entre notre monde et le Royaume de Dieu (Matthieu 12, 31 et Job 1, 5).
Les protestants, eux, rejettent tous ce concept, car il n’apparaît pas clairement dans les Écritures saintes. Pour eux, le feu rédempteur évoqué dans le Nouveau Testament est le jugement et, s’appuyant sur le second épitre de Pierre, une fois la mort survenue, tout est joué. (2 Pierre 3, 7-14).
Kévin Boucaud-Victoire (Source : http://bit.ly/2zhQu5k)
Aujourd’hui, la théologie catholique a fait du chemin concernant le purgatoire
Qu’est-ce que le purgatoire ?
Autrefois, on parlait du purgatoire comme d’un lieu de souffrance, dans lequel on expiait ses fautes. Ce n’était pas l’enfer, mais tout juste… Aujourd’hui, cette vision a évolué.
« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » Mathieu, chapitre 5, verset 8.
Il paraît plus juste de dire qu’avant de paraître devant Dieu, l’homme a besoin d’une purification. Pourquoi ? Parce que même si notre vie a été tournée vers Dieu, nous demeurons empêtrés dans notre égoïsme, notre orgueil, nos violences. L’Écriture insiste sur la pureté de cœur nécessaire pour approcher Dieu.
Le purgatoire ne serait donc pas un temps passé quelque part, mais un moment de vérité. Comment l’expliquer ? Dans notre état actuel, nous vivons tous dans notre « bulle » qui comporte une partie d’illusions sur nous-mêmes : nous ne savons pas ce que les autres pensent exactement de nous, nous ignorons des choses sur nous-mêmes.
Le purgatoire : un moment d’humilité
Enfermés dans notre bulle, nous ne savons pas entrer dans une relation transparente avec les autres, et donc avec Dieu. Le purgatoire, c’est recevoir la conscience parfaite de ce que nous sommes.
Tout cela peut être fort joyeux et lumineux, comme un ciel qui s’éclaire, purifié après l’orage : le purgatoire n’est pas un lieu d’épreuves, comme on l’a affirmé parfois ! Il est la porte d’accès au paradis ! Nous espérons que personne n’ira en enfer, mais qui peut se dire prêt à entrer au Ciel sans avoir à être ainsi purifié ?
[Source : http://bit.ly/2xyeZXB]
L’enfer et le purgatoire existent-t-il ?
On se représente souvent l’enfer comme un châtiment éternel (le feu de l’enfer) que Dieu impose aux pécheurs. Cette représentation est fausse : ce n’est pas Dieu qui nous impose un châtiment. Il ne cesse pas d’aimer tous les hommes, mais par amour, il respecte notre liberté jusqu’au bout, il nous laisse la possibilité de refuser totalement son amour. C’est une tragique possibilité. Ainsi, l’enfer consiste à être volontairement séparé de Dieu. Mais personne ne peut dire si quelqu’un se trouve dans cette situation. L’Eglise elle-même s’est toujours refusée à prendre position, même dans les cas des plus grands pécheurs ! Dieu seul connaît le cœur de chacun !
Et le purgatoire ? Pour pouvoir rencontrer Dieu face à face, l’homme pécheur a besoin d’une purification et cette purification est éprouvante car elle opère une sortie totale de l’égoïsme, de son quant à soi, de son amour-propre. Et cela n’est pas facile ! C’est le sens qu’il faut donner au terme purgatoire quand on l’utilise. Le Purgatoire n’est pas un lieu intermédiaire entre le ciel et l’enfer (qui eux-mêmes ne sont pas des lieux !), il est un état, une attente, une ouverture définitive du cœur et de l’esprit à l’amour de Dieu.
Publication dans le dossier « Pour approfondir le thème de la Fête des morts ». Site CEF Toussaint 2007
[Source : http://bit.ly/2zQfdu0]
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