Pauvreté

Un Français sur cinq concerné

En 2019, en France métropolitaine, une personne sur cinq était en situation de pauvreté monétaire ou de privation
matérielle et sociale, selon une étude de l’Insee. Les familles monoparentales ou frappées par le chômage sont
particulièrement touchées.

Cette situation, ne peut laisser indifférents les Intervenants De Religions (IDR) et les Professeurs de Religion (PDR) présents dans les écoles alsaciennes.

Si un, et le plus souvent, plusieurs enfants d’une même classe sont concernés, il est du devoir de l’enseignant d’adapter ses postures et ses attitudes.

Rappel
> L’attitude est une manière d’habiter son corps (perception et conscience d’où l’on est).
> La posture est une manière d’habiter un positionnement (perception et conscience de qui l’on est).


7 compétences à travailler
:

  • – Le regard (sans affect)
  • – Les stéréotypes (sans façon)
  • – L’exigence (sans faille)
  • – Les remarques (sans blesser)
  • – Les commérages (sans nous)
  • – L’aide matérielle (sans problème)
  • – La verbalisation (sans marginaliser)

En 2019, en France métropolitaine, 13,1 % de la population est pauvre au sens non monétaire, selon l’indicateur européen de privation matérielle et sociale, 21,0 % est en situation de pauvreté monétaire ou de privation matérielle et sociale et 5,7 % cumule les deux », explique l’Insee. « Les ménages dont la personne de référence est au chômage et les familles monoparentales sont particulièrement exposés au risque de pauvreté : respectivement 50,8 % et 29,2 % sont pauvres au sens de la privation matérielle et sociale ; 33,3 % et 14,1 % cumulent cette privation avec une pauvreté au sens monétaire ». Un tiers de la population puise dans ses économies pour boucler son budget. La moitié a une difficulté à se loger.


Article dans Les Échos (septembre 2021)
Par Nathalie Silbert

C’est un thème qui s’invitera probablement pendant la campagne présidentielle, dans le sillage des débats sur le pouvoir d’achat des Français. En 2019, soit avant même le début de la crise du Covid, une personne sur cinq était en situation de pauvreté monétaire ou de privation matérielle et sociale en métropole, selon une étude de l’Insee publiée ce mercredi.

Pour alimenter leurs travaux, les auteurs se sont appuyés sur l’indicateur européen de privation matérielle et sociale. En 2019, 13,6 % des Français disposaient d’un revenu inférieur à 1.063 euros pour une personne seule et donc étaient considérés « à risque de pauvreté monétaire », un indicateur classique. Par ailleurs, indicateur moins suivi, 13,1 % étaient confrontés à des difficultés de paiement, de logement, de consommation. Et étaient donc pauvres au sens non monétaire (ou en condition de vie). Deux façons donc de mesurer la pauvreté en France, 5,7 % étant touchés par les deux formes du phénomène.

La réduction des inégalités, un casse-tête français

Si la pauvreté, monétaire ou non, concerne des populations très variées, elle frappe très durement les familles où la personne référente est au chômage. Plus des deux tiers d’entre elles sont touchées d’une façon ou d’une autre par la pauvreté et plus d’un tiers d’entre elles cumulent les deux handicaps, situation de privation matérielle et sociale et risque monétaire. Également touchées de plein fouet : les familles monoparentales et les enfants de moins de 16 ans.

Inégalités

Une enquête de France Stratégie publiée en début de semaine apporte un éclairage complémentaire sur ce sujet sensible.

L’organisme rattaché à Matignon s’est intéressé aux dépenses dites « pré-engagées » des ménages – c’est-à-dire « engagées par contrat et difficilement renégociables à court terme », comme le loyer, les assurances, les abonnements au téléphone et à Internet, les remboursements d’emprunts.

Son étude montre qu’elles sont passées de 27 % de la dépense totale des ménages en 2001 à 32 % en 2017, tirées vers le haut par l’alourdissement du budget logement (loyer, charges, remboursement d’emprunts). Elle révèle aussi que leur poids s’est surtout alourdi pour les ménages modestes. Pour eux, les dépenses pré-engagées représentaient 41 % de la dépense totale en 2017, contre 28 % pour les foyers aisés.

« Les inégalités en termes de revenu arbitrable, c’est-à-dire en termes de budget disponible après paiement des dépenses pré-engagées, sont presque deux fois plus fortes que les inégalités en termes de niveau de vie », souligne France Stratégie.

Nathalie Silbert (source)


Jean-Paul Delahaye dans « Exception consolante, un grain de pauvre dans la machine scolaire » (interview en téléchargement), apporte un témoignage émouvant, le sien, quand il explique qu’avoir vécu soi-même la pauvreté donne une force particulière.

Ma mère a été ouvrière agricole dès sa sortie de l’école et à nouveau à la fin de sa vie. Pour ramener un peu plus d’argent à la maison, elle faisait aussi le ménage dans l’école du village. C’est là que j’allais en effet l’aider régulièrement à nettoyer les vitres des hautes fenêtres et les globes d’éclairage car elle avait le vertige. J’emprunte cette formule « exception consolante » à Ferdinand Buisson, le directeur de l’enseignement primaire de Jules Ferry. Il n’était pas naïf sur le fonctionnement de l’Ecole à la fin du 19ème siècle, avec un lycée qui scolarisait dès le primaire les enfants des classes favorisées et un système de bourse qui y laissait entrer quelques enfants du peuple. L’expression « exception consolante » est une façon ironique de dire à l’époque que ceux qui ont eu accès aux études se consolent de l’injustice du système en laissant quelques pauvres les rejoindre. Ce faisant ils se donnent bonne conscience avec ces exceptions. Le philosophe Alain parlait lui de « pics superbes du peuple qui donnent un air de justice à l’inégalité ». Mais si j’ai été une de ces exceptions, je n’ai jamais accepté que les pauvres soient « consolés » parce qu’un des leurs était sorti de sa condition. J’ai toujours refusé d’être un alibi.

Jean-Paul Delahaye, Exception consolante, un grain de pauvre dans la machine, Librairie du Labyrinthe, ISBN 978-2-918397-29-8, 17€.


Source de l’Insee : Lien et téléchargement ci-dessous.

Autres ressources

200123 – En finir avec les idées fausses sur la pauvreté à l’école

190913lv – Comment le revenu familial modifie le cerveau des enfants

210824 – Exception consolante, un grain de pauvre dans la machine scolaire