Un modèle de jeunesse catho

Pour autant un idéal ?

Réflexion autour du « désintéressement tranquille »

Les JMJ au Portugal nous invitent à poursuivre notre réflexion commencée le 01 juin dernier.
1/ 80% des jeunes catholiques n’appartiennent pas aux deux catégories qui considèrent, inconsciemment ou pas, représenter la jeunesse catholique. D’une part, les « tradis » (10%) qui font de la religion une question identitaire, de l’autre les « fervents » (10%) qui représentent la majorité des participants aux JMJ (Voir article : 230526lx-Sondage-jeunesse-catholique).

2/ Les sondages commandés par des Médias n’ont pas un caractère scientifique poussé. Il s’agit donc de considérer ces chiffres comme approximatifs et les catégories comme poreuses.

3/ Certains pensent que l’avenir des catholiques se trouve dans les petits lieux chauds du conservatisme, alors que d’autres ne jurent que par le progressisme envers et contre tous… Cette rivalité depuis la fin du dernier concile fait oublier l’émergence du « troisième homme » (Voir article : 190228lx-Francois-Roustang-retour-sur-une-crise-catholique). « Si l’on y prend garde et si l’on se refuse à voir l’évidence, le détachement à l’égard de l’Église, qui est largement commencé, ira en s’accentuant. Il ne revêtira pas alors, comme dans le passé, la forme d’une opposition ou celle d’un abandon, mais d’un désintéressement tranquille… » (Christus n°52 de 1966 – cité dans « François Roustang, Le Troisième Homme. Entre rupture personnelle et crise catholique », sous la direction d’Ève-Alice Roustang, avec Étienne Fouilloux, Claude Langlois et Danièle Hervieu-Léger, éd. Odile Jacob, 2019)

4/ Notre enseignement s’adresse particulièrement à ce « troisième élève » et ce qui est observable pour le catholicisme l’est aussi désormais pour bien d’autres religions.
> Si nous aidons chaque élève à distinguer ce qui de l’ordre de son identité, ce qui est de l’ordre de sa culture et ce qui est de l’ordre de sa religion, nous l’aidons à se repérer, à se questionner, à s’enraciner et à s’affirmer.
> Si nous apprenons à chaque élève à explorer les religions en fin connaisseur des apports scientifiques et du langage symbolique, nous lui apprenons, via le devoir de l’identité, le courage de l’altérité et la sincérité des intentions, les bases d’un authentique dialogue interconvictionnel.

Première mise en ligne : 1 juin 2023

« Au-delà des apparences », affiche le journal La Croix (éditorial du 26 mai 2023). À lire, entre les lignes, le dossier que le journal propose, on se demande si parfois les apparences sont toujours aussi trompeuses que ça !

Cette étude vaut ce qu’il vaut car elle repose sur un public ciblé.
1/ Un questionnaire expédié aux 30.164 français inscrits aux JMJ de Lisbonne (été 2023).
2/ Un sondage qui repose sur le principe des quotas (uniquement 3111 réponses traitées)
3/ Une étude qui ne distingue pas les réponses traitées issues des 4 expéditeurs : La CEF, l’Emmanuel, Le Chemin-Neuf, et Saint-Martin. Ces trois derniers rassemblant des jeunes susceptibles d’orienter grandement les réponses.

Une lecture de cette étude en 6 points

1/ Ces jeunes ont 20 et quelques années. Ils font des études supérieures. Ils appartiennent, globalement, à une jeunesse aisée. Sociologiquement à la moyenne haute du CSP+.
(CSP+ est un sigle pour désigner les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées en France soit environ 12 millions de personnes. Le salaire minimum des CSP+ tend vers 2500€net/mois. Ceci permet de se rappeler que 75% des Français ont un salaire inférieur.)   

2/ La « gentrification » de l’Église catholique s’accentue.
Ce phénomène sociologique connu qui désigne un embourgeoisement d’un groupe humain dans un environnement bien délimité peut s’appliquer à ces jeunes catholiques.
Leur catholicisme minoritaire, totalement assumé, s’apparente à une sorte de microcosme chaleureux et sympathique sans trop d’intentions militantes.
> Voir document en bas de page.

3/ Des jeunes urbains qui vivent en relation étroite avec leur famille. Ces familles sont d’ailleurs les meilleurs vecteurs pour la transmission des traditions croyantes catholiques et des valeurs évangéliques. Ces jeunes fréquentent davantage les Scouts d’Europe que les Scouts et Guides de France et les aumôneries des établissements élitistes des grandes villes que les mouvements d’Action Catholique, le CCFD ou Caritas.

4/ Ces jeunes n’ont aucune hésitation à se présenter comme catholiques aux yeux de la société. Une reconnaissance affirmée contrairement aux dires de Gad Elmaleh dans son célèbre sketch :
ici : https://www.facebook.com/watch/?v=532826032153977
ou là…

5/ Une pratique essentiellement tournée vers la messe. Ces jeunes sont à la recherche d’une intimité avec Jésus. Ce qui peut apparaitre surprenant, c’est la mise au second plan de l’aspect communautaire. L’émotion d’abord, pour ne pas parler de sentimentalisme.
L’étude laisse entrevoir qu’ils ne se soucient pas (moins que leurs aînés en tout cas) des querelles entre la liturgie de Vatican II et la liturgie tridentine. Ils passent d’une messe à l’autre selon les envies et les circonstances.
Des gestes ancestraux sont remis au goût du jour (comme les génuflexions) parce que l’histoire rassure au risque d’un fidéisme prononcé.

6/ Que dire d’eux suite à la lecture, forcément subjective, de cette étude :
– Leur rapport à la liturgie est viscéral (l’oxygène de leur vie).
– Leur rapport à l’institution est bienveillant (pour autant sans clémence pour les brebis galeuses). 
– Leur rapport aux évolutions sociétales est indulgent (mais dans certaines limites à négocier !).