Actes du colloque d’avril 2022
Fruit d’un colloque doctoral de 3ème cycle en théologie pratique à l’Université de Fribourg, coorganisé avec l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, le présent ouvrage commence par étudier différents modèles en pédagogie religieuse : comment contribuent-ils à la construction de l’identité des jeunes dans le contexte actuel de pluralisation religieuse grandissante ?
Puis il s’interroge sur l’utilisation concrète du symbole en éducation religieuse, son historique et son avenir. Il se concentre alors sur le cours de religion en tant que tel (Belgique, France, Suisse, Colombie et ailleurs) : quand et comment a-t-on recours au processus symbolique en classe ?
Enfin il se consacre aux liens entre les symboles et l’éducation au dialogue interconvictionnel et interreligieux : dans quelle mesure ce dialogue autour des symboles favorise-t-il une meilleure compréhension de notre rapport à nous-mêmes, aux autres, au cosmos et à Dieu ?
Téléchargement : www.doi.org/10.24894/978-3-7965-4876-5
Christophe Spérissen et Pierre-Michel Gambarelli ont contribué à ce colloque en présentant l’Enseignement de la Religion en Alsace : son fonctionnement, ses évolutions et les perpétuelles recherches afin d’ajuster l’offre à la demande d’un terrain scolaire en grandes mutations. (dans les actes chapitre IX page 217 et suivantes)
Résumé du colloque par Flore Xhonneux
Les mercredi et jeudi 6 et 7 avril 2022 s’est tenu à Notre-Dame de la Route à Fribourg un colloque doctoral international sur le thème de la symbolique et plus précisément l’utilisation des symboles en éducation religieuse. Le comité scientifique de ce colloque, conjointement organisé par l’Université de Fribourg et l’UCLouvain, était constitué des professeurs François-Xavier Amherdt et Henri Derroitte ainsi que du docteur Geoffrey Legrand. Pendant ces deux journées, structurées en quatre-demi-journée de rencontre, les participants, venus d’Allemagne, de Belgique, de Colombie, de France, d’Italie, et de Suisse, ont travaillé sur la question de l’emploi des symboles en éducation religieuse et sur les perspectives pour le dialogue interconvictionnel et interreligieux.
2La matinée du mercredi 6 avril a débuté avec une conférence d’accueil du professeur François-Xavier Amherdt (UNIFR) exposant le statut de ce colloque ainsi que son déroulement. S’en est suivi la conférence inaugurale du professeur Henri Derroitte (UCLouvain) qui avait pour objectif de baliser cette vaste thématique de la symbolique tout en proposant quelques pistes réflexives. Son intervention était divisée en quatre parties. La première était consacrée à une variation autour du symbole et de ce qu’il est commun d’attribuer comme caractéristiques au symbole. La deuxième partie était dédiée à la spécificité du symbole religieux et plus particulièrement à la typologie de Louis-Marie Chauvet. Dans un troisième temps, Henri Derroitte a parlé du symbole dans le cadre de l’enseignement religieux et du rôle qu’il peut jouer. Enfin, la dernière partie proposait des pistes d’ouvertures sur base du travail des théologiens Lieven Boeve et André Fossion.
3Suite à cette conférence, la matinée consacrée aux modèles de pédagogie religieuse a commencé avec une communication de Nicole Awais (UNIFR) intitulée « Le symbole, un levier pour l’enseignement-apprentissage religieux ? ». Sa présentation était construite autour de trois questions ; qu’est-ce que le symbole, comment apprendre et enseigner, et que dire du développement spirituel ? Nicole Awais a proposé d’appréhender le symbole à partie de l’épistémologie, de la linguistique, d’un point de vue philosophico-théologique avec Tillich et Ricœur pour finalement dresser les caractéristiques du symbole. La deuxième question a été l’occasion de retracer un bref parcours du développement cognitif tel que les sciences de l’éducation ont pu le concevoir ; de Piaget à Kohlberg en passant par Freinet et Montessori pour arriver jusqu’à la contribution des neurosciences. Pour traiter la troisième question, Nicole Awais a mis en exergue les dynamismes de Fowler, Oser, Westerhoff pour terminer sur les formes d’enseignement religieux possibles.
4Après toutes ces mises au point, trois questions ont été posées aux participants : que peuvent apporter le discours symbolique et/ou le symbole pour le passage d’une étape à l’autre des formes de développement ? Quelles sont les formes d’enseignement les plus susceptibles de permettre le développement de la foi et à quel moment du développement ? À quels moments des passages d’une étape à l’autre est-il judicieux de transposer les savoirs symboliques à un·e apprenant·e ? Répartis en quatre groupes, les participants ont disposé de trente minutes pour échanger entre eux. Lors de la mise en commun, il est ressorti qu’avec les jeunes se posaient la question de la motivation ainsi que celle de la créativité. Si plusieurs groupes ont reconnu que le symbole peut être transversal à tous les âges, ils ont également insisté sur son aspect évolutif.
5L’après-midi de cette première journée de rencontre se structurait autour de la thématique « L’utilisation des symboles en pédagogie religieuse ». Le professeur Guido Meyer (RWTH Aachen-University) a proposé une communication intitulée « La didactique des symboles. Hier et aujourd’hui ». Guido Meyer a débuté par la présentation de deux pionniers de la didactique de l’enseignement symbolique : Hubertus Halbfas, qui considérait que le cours de religion s’apparentait à un apprentissage à la langue et Georg Baudler, élève de Karl Rahner, qui voulait que sa didactique s’inspire de la théologie. Georg Baudler est considéré comme le père de la didactique de la corrélation. Il a été ensuite question des théologiens Michael Meyer-Blanvk, qui s’est inspiré de l’analyse sémiotique de Charles Sander Peirce, et Hans-Georg Ziebertz, à l’origine de l’abduktive korrelation qui a marqué un tournant empirique de la pédagogie de la religion. Guido Meyer a achevé sa présentation en exposant le travail d’Hans Mendl et Katharina Welling.
6Après ce parcours historique, Nicolas Akiki (UCLouvain) a articulé sa communication « L’icône, langage symbolique et pédagogique » en deux parties. Il a, dans un premier temps, précisé la définition de l’icône et de son statut, qu’on peut qualifier de « théologie en couleur ». L’icône, un médium qui a comme dessein de rendre visible ce qui est invisible, un symbole pour exprimer les mystères de la foi, peut être déchiffrée. Après ce temps théorique, Nicolas Akiki a proposé un temps pratique où il a lui-même déchiffré l’icône intitulée « La descente aux enfers », en explicitant les sens symboliques des différents éléments comme les lignes, les couleurs, les proportions ou encore les formes.
7La journée s’est achevée avec Walter Lesch (UCLouvain) et sa communication « L’image de la planète Terre comme référence symbolique dans la communication interconvictionnel. Une analyse de la bille bleue ». Le professeur Walter Lesch a proposé un exercice d’analyse symbolique en partant de la photo Blue Marble prise en 1972 par des astronautes d’Apollo 17 et en se demandant s’il était possible de trouver un symbole qui apparaisse comme universel. Sa présentation a permis de soulever certains enjeux symboliques concernant le globe, de poser la question du regard qu’on pose ainsi que celle de l’inversion du regard, soit la possibilité aujourd’hui d’avoir une vue « d’en haut ». Les problématiques liées à la responsabilité écologique ont été également énoncées ainsi que les enjeux éthiques. Walter Lesch a conclu ce parcours terrestre en faisant écho au pape François et sa métaphore de la terre comme maison.
8La troisième demi-journée de travail était consacrée au cours de religion. Flore Xhonneux (UCLouvain) a entamé cette seconde journée en exposant les résultats d’une enquête menée par le CRER (Centre de recherche éducation et religion de l’UCLouvain), sur l’emploi du symbole chez les enseignants et professeurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette enquête a témoigné qu’une grande majorité des enseignants, aussi bien du fondamental que du secondaire, travaillent la question du symbole et du langage symbolique avec leur classe.
9Jean-Paul Niyigena (UCLouvain) a ensuite présenté sa communication intitulée « Récit biblique, symbole et identité citoyenne. Repenser le cours de religion dans une société sécularisée ». Il a débuté en exposant trois approches des récits bibliques, l’approche narrative, existentielle et objectivante et en montrant l’espace que les symboles peuvent occuper dans ces approches respectives. Sur cette base, il a posé la question de la pertinence théologique et pédagogique, de chercher à mettre en avant la symbolique de ces récits dans le cours de religion en mobilisant les concepts de charge symbolique des récits chez Paul Ricœur et Jean-Marc Ferry. Sa communication s’est achevée sur le thème de la portée existentielle et expérientielle des récits bibliques chez Alexis Gadamer et Paul Tillich. Pour Jean-Paul Niyigena le cours de religion et les analyses peuvent participer activement à la construction d’une identité citoyenne.
10José-Maria Siciliani (Universidad de La Salle, Bogota), venu de Colombie, a présenté son intervention « Le travail pédagogique du symbolique narratif au cours de religion ». Il a partagé une expérience vécue avec des étudiants en licence qui a mené à ce qu’il appelle « une pépinière de recherche ». Suite à un incident, les étudiants, pentecôtistes, évangéliques et catholiques, ont débattu entre eux en se demandant si accrocher un crucifix au mur ne s’apparentait pas à de l’idolâtrie. Une des étudiantes catholiques, argumentant en faveur du maintien des crucifix, a comparé la fonction d’un crucifix à la photo d’un proche défunt qu’on garderait dans son portefeuille en souvenir et a demandé à ses détracteurs si avoir une photo d’un proche aimé et disparu était assimilable à de l’idolâtrie. Pour José-Maria Siciliani, cette théorie des symboles spontanée de cette étudiante montre combien les symboles peuvent être forts. Aussi, une théorie des symboles peut permettre à l’éducation religieuse de ne pas s’enfermer dans une privatisation de la foi.
11La matinée s’est achevée avec une présentation en duo de Pierre-Michel Gambarelli et Christophe Sperissen (ERE Alsace) qui ont parlé des spécificités du cours de religion en Alsace. Avec leur communication « L’enseignement de la religion à l’école en Alsace. Évolutions, faiblesses, points forts et perspectives », ils ont exposé le cadre légal dans lequel s’inscrit ce cours, les élèves qui suivent ce cours ainsi que les professeurs qui le donnent. Ils ont également présenté le programme actuel et comment ce programme pourrait être amélioré pour les années à venir.
12L’après-midi a débuté avec un exercice pratique. Le professeur Olivier Bauer (UNIL) qui avait prévu une communication plus traditionnelle intitulée « Le symbole du repas partagé dans l’éducation religieuse des adultes » a choisi de mettre les participants en petit groupe en leur proposant de répondre à cette question : comment organiser un repas partagé qui puisse convenir à toutes et tous ? Les échanges qui ont suivis ont permis une réflexion commune sur la symbolique du « manger ensemble » et de la nourriture.
13Patrizia Conforti (UNIFR) a ensuite pris la parole pour son intervention « Anciens et nouveaux symboles dans la formation au dialogue interculturel et interreligieux : quelques expériences du Groupe interreligieux de Fribourg ». Patrizia Conforti a présenté le travail du CIF, le Groupe interreligieux de Fribourg, qui organise des rencontres ainsi que des formations. Avec l’exemple concret d’une rencontre interreligieuse, les participants ont pu comprendre comment de telles rencontres étaient mises en place et l’importance du respect de l’identité religieuse et de se concentrer sur les symboliques qui peuvent unir.
14Pour clôturer le colloque, Geoffrey Legrand (UCLouvain/UNIFR) a dressé le bilan de ces jours de travail avec sa communication « L’utilisation du symbolique dans quelques modèles contemporains d’éducations religieuses ». Geoffrey Legrand a commencé par revenir sur les enjeux et les finalités de l’éducation religieuse en présentant le théologien Lieven Boeve. Il a ensuite parlé de la possibilité pour les activités symboliques d’ouvrir à la spiritualité ainsi qu’à la rationalité. Sa troisième partie était consacrée à la didactique des symboles et aux limites de la monocorrélation. Enfin, il a exposé plusieurs modèles à savoir ceux de Didier Pollefeyt, de Bert Roebben et le modèle dialogal du pape François. Il a clos sa présentation en rappelant que le symbole ne pouvait pas fonctionner s’il n’était pas vivant, qu’il est nécessaire pour la construction des jeunes et la gestion de la pluralité, qu’il ouvre à la spiritualité, bref qu’il est vital.
15Ces deux journées de colloque ont été l’occasion pour beaucoup de se retrouver après deux ans de confinements et de webinaires en ligne. Le plaisir de se rencontrer « en présentiel » pour partager un repas, un verre, une visite nocturne de la ville de Fribourg menée par Walter Lesch, a grandement participé à l’ambiance studieuse, mais conviviale, de ce colloque.
Les mercredi et jeudi 6 et 7 avril s’est tenu à Notre-Dame de la Route à Fribourg un colloque doctoral international sur le thème de la symbolique et plus précisément l’utilisation des symboles en éducation religieuse. Le comité scientifique de ce colloque, conjointement organisé par l’Université de Fribourg et l’UCLouvain, était constitué des professeurs François-Xavier Amherdt et Henri Derroitte ainsi que du docteur Geoffrey Legrand. Pendant ces deux journées, structurées en quatre-demi-journée de rencontre, les participants, venus d’Allemagne, de Belgique, de Colombie, de France, d’Italie, et de Suisse, ont travaillé sur la question de l’emploi des symboles en éducation religieuse et sur les perspectives pour le dialogue interconvictionnel et interreligieux.
2La matinée du mercredi 6 avril a débuté avec une conférence d’accueil du professeur François-Xavier Amherdt (UNIFR) exposant le statut de ce colloque ainsi que son déroulement. S’en est suivi la conférence inaugurale du professeur Henri Derroitte (UCLouvain) qui avait pour objectif de baliser cette vaste thématique de la symbolique tout en proposant quelques pistes réflexives. Son intervention était divisée en quatre parties. La première était consacrée à une variation autour du symbole et de ce qu’il est commun d’attribuer comme caractéristiques au symbole. La deuxième partie était dédiée à la spécificité du symbole religieux et plus particulièrement à la typologie de Louis-Marie Chauvet. Dans un troisième temps, Henri Derroitte a parlé du symbole dans le cadre de l’enseignement religieux et du rôle qu’il peut jouer. Enfin, la dernière partie proposait des pistes d’ouvertures sur base du travail des théologiens Lieven Boeve et André Fossion.
3Suite à cette conférence, la matinée consacrée aux modèles de pédagogie religieuse a commencé avec une communication de Nicole Awais (UNIFR) intitulée « Le symbole, un levier pour l’enseignement-apprentissage religieux ? ». Sa présentation était construite autour de trois questions ; qu’est-ce que le symbole, comment apprendre et enseigner, et que dire du développement spirituel ? Nicole Awais a proposé d’appréhender le symbole à partie de l’épistémologie, de la linguistique, d’un point de vue philosophico-théologique avec Tillich et Ricœur pour finalement dresser les caractéristiques du symbole. La deuxième question a été l’occasion de retracer un bref parcours du développement cognitif tel que les sciences de l’éducation ont pu le concevoir ; de Piaget à Kohlberg en passant par Freinet et Montessori pour arriver jusqu’à la contribution des neurosciences. Pour traiter la troisième question, Nicole Awais a mis en exergue les dynamismes de Fowler, Oser, Westerhoff pour terminer sur les formes d’enseignement religieux possibles.
4Après toutes ces mises au point, trois questions ont été posées aux participants : que peuvent apporter le discours symbolique et/ou le symbole pour le passage d’une étape à l’autre des formes de développement ? Quelles sont les formes d’enseignement les plus susceptibles de permettre le développement de la foi et à quel moment du développement ? À quels moments des passages d’une étape à l’autre est-il judicieux de transposer les savoirs symboliques à un·e apprenant·e ? Répartis en quatre groupes, les participants ont disposé de trente minutes pour échanger entre eux. Lors de la mise en commun, il est ressorti qu’avec les jeunes se posaient la question de la motivation ainsi que celle de la créativité. Si plusieurs groupes ont reconnu que le symbole peut être transversal à tous les âges, ils ont également insisté sur son aspect évolutif.
5L’après-midi de cette première journée de rencontre se structurait autour de la thématique « L’utilisation des symboles en pédagogie religieuse ». Le professeur Guido Meyer (RWTH Aachen-University) a proposé une communication intitulée « La didactique des symboles. Hier et aujourd’hui ». Guido Meyer a débuté par la présentation de deux pionniers de la didactique de l’enseignement symbolique : Hubertus Halbfas, qui considérait que le cours de religion s’apparentait à un apprentissage à la langue et Georg Baudler, élève de Karl Rahner, qui voulait que sa didactique s’inspire de la théologie. Georg Baudler est considéré comme le père de la didactique de la corrélation. Il a été ensuite question des théologiens Michael Meyer-Blanvk, qui s’est inspiré de l’analyse sémiotique de Charles Sander Peirce, et Hans-Georg Ziebertz, à l’origine de l’abduktive korrelation qui a marqué un tournant empirique de la pédagogie de la religion. Guido Meyer a achevé sa présentation en exposant le travail d’Hans Mendl et Katharina Welling.
6Après ce parcours historique, Nicolas Akiki (UCLouvain) a articulé sa communication « L’icône, langage symbolique et pédagogique » en deux parties. Il a, dans un premier temps, précisé la définition de l’icône et de son statut, qu’on peut qualifier de « théologie en couleur ». L’icône, un médium qui a comme dessein de rendre visible ce qui est invisible, un symbole pour exprimer les mystères de la foi, peut être déchiffrée. Après ce temps théorique, Nicolas Akiki a proposé un temps pratique où il a lui-même déchiffré l’icône intitulée « La descente aux enfers », en explicitant les sens symboliques des différents éléments comme les lignes, les couleurs, les proportions ou encore les formes.
7La journée s’est achevée avec Walter Lesch (UCLouvain) et sa communication « L’image de la planète Terre comme référence symbolique dans la communication interconvictionnel. Une analyse de la bille bleue ». Le professeur Walter Lesch a proposé un exercice d’analyse symbolique en partant de la photo Blue Marble prise en 1972 par des astronautes d’Apollo 17 et en se demandant s’il était possible de trouver un symbole qui apparaisse comme universel. Sa présentation a permis de soulever certains enjeux symboliques concernant le globe, de poser la question du regard qu’on pose ainsi que celle de l’inversion du regard, soit la possibilité aujourd’hui d’avoir une vue « d’en haut ». Les problématiques liées à la responsabilité écologique ont été également énoncées ainsi que les enjeux éthiques. Walter Lesch a conclu ce parcours terrestre en faisant écho au pape François et sa métaphore de la terre comme maison.
8La troisième demi-journée de travail était consacrée au cours de religion. Flore Xhonneux (UCLouvain) a entamé cette seconde journée en exposant les résultats d’une enquête menée par le CRER (Centre de recherche éducation et religion de l’UCLouvain), sur l’emploi du symbole chez les enseignants et professeurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette enquête a témoigné qu’une grande majorité des enseignants, aussi bien du fondamental que du secondaire, travaillent la question du symbole et du langage symbolique avec leur classe.
9Jean-Paul Niyigena (UCLouvain) a ensuite présenté sa communication intitulée « Récit biblique, symbole et identité citoyenne. Repenser le cours de religion dans une société sécularisée ». Il a débuté en exposant trois approches des récits bibliques, l’approche narrative, existentielle et objectivante et en montrant l’espace que les symboles peuvent occuper dans ces approches respectives. Sur cette base, il a posé la question de la pertinence théologique et pédagogique, de chercher à mettre en avant la symbolique de ces récits dans le cours de religion en mobilisant les concepts de charge symbolique des récits chez Paul Ricœur et Jean-Marc Ferry. Sa communication s’est achevée sur le thème de la portée existentielle et expérientielle des récits bibliques chez Alexis Gadamer et Paul Tillich. Pour Jean-Paul Niyigena le cours de religion et les analyses peuvent participer activement à la construction d’une identité citoyenne.
10José-Maria Siciliani (Universidad de La Salle, Bogota), venu de Colombie, a présenté son intervention « Le travail pédagogique du symbolique narratif au cours de religion ». Il a partagé une expérience vécue avec des étudiants en licence qui a mené à ce qu’il appelle « une pépinière de recherche ». Suite à un incident, les étudiants, pentecôtistes, évangéliques et catholiques, ont débattu entre eux en se demandant si accrocher un crucifix au mur ne s’apparentait pas à de l’idolâtrie. Une des étudiantes catholiques, argumentant en faveur du maintien des crucifix, a comparé la fonction d’un crucifix à la photo d’un proche défunt qu’on garderait dans son portefeuille en souvenir et a demandé à ses détracteurs si avoir une photo d’un proche aimé et disparu était assimilable à de l’idolâtrie. Pour José-Maria Siciliani, cette théorie des symboles spontanée de cette étudiante montre combien les symboles peuvent être forts. Aussi, une théorie des symboles peut permettre à l’éducation religieuse de ne pas s’enfermer dans une privatisation de la foi.
11La matinée s’est achevée avec une présentation en duo de Pierre-Michel Gambarelli et Christophe Sperissen (ERE Alsace) qui ont parlé des spécificités du cours de religion en Alsace. Avec leur communication « L’enseignement de la religion à l’école en Alsace. Évolutions, faiblesses, points forts et perspectives », ils ont exposé le cadre légal dans lequel s’inscrit ce cours, les élèves qui suivent ce cours ainsi que les professeurs qui le donnent. Ils ont également présenté le programme actuel et comment ce programme pourrait être amélioré pour les années à venir.
12L’après-midi a débuté avec un exercice pratique. Le professeur Olivier Bauer (UNIL) qui avait prévu une communication plus traditionnelle intitulée « Le symbole du repas partagé dans l’éducation religieuse des adultes » a choisi de mettre les participants en petit groupe en leur proposant de répondre à cette question : comment organiser un repas partagé qui puisse convenir à toutes et tous ? Les échanges qui ont suivis ont permis une réflexion commune sur la symbolique du « manger ensemble » et de la nourriture.
13Patrizia Conforti (UNIFR) a ensuite pris la parole pour son intervention « Anciens et nouveaux symboles dans la formation au dialogue interculturel et interreligieux : quelques expériences du Groupe interreligieux de Fribourg ». Patrizia Conforti a présenté le travail du CIF, le Groupe interreligieux de Fribourg, qui organise des rencontres ainsi que des formations. Avec l’exemple concret d’une rencontre interreligieuse, les participants ont pu comprendre comment de telles rencontres étaient mises en place et l’importance du respect de l’identité religieuse et de se concentrer sur les symboliques qui peuvent unir.
14Pour clôturer le colloque, Geoffrey Legrand (UCLouvain/UNIFR) a dressé le bilan de ces jours de travail avec sa communication « L’utilisation du symbolique dans quelques modèles contemporains d’éducations religieuses ». Geoffrey Legrand a commencé par revenir sur les enjeux et les finalités de l’éducation religieuse en présentant le théologien Lieven Boeve. Il a ensuite parlé de la possibilité pour les activités symboliques d’ouvrir à la spiritualité ainsi qu’à la rationalité. Sa troisième partie était consacrée à la didactique des symboles et aux limites de la monocorrélation. Enfin, il a exposé plusieurs modèles à savoir ceux de Didier Pollefeyt, de Bert Roebben et le modèle dialogal du pape François. Il a clos sa présentation en rappelant que le symbole ne pouvait pas fonctionner s’il n’était pas vivant, qu’il est nécessaire pour la construction des jeunes et la gestion de la pluralité, qu’il ouvre à la spiritualité, bref qu’il est vital.
15Ces deux journées de colloque ont été l’occasion pour beaucoup de se retrouver après deux ans de confinements et de webinaires en ligne. Le plaisir de se rencontrer « en présentiel » pour partager un repas, un verre, une visite nocturne de la ville de Fribourg menée par Walter Lesch, a grandement participé à l’ambiance studieuse, mais conviviale, de ce colloque.